Le loup étend son territoire en France, notamment en Occitanie, région propice à son implantation du fait d’un gibier abondant et où des naissances ont même été recensées en 2022 par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui suit ce carnivore à la trace.
« Le loup peut arriver dans tous les territoires du pays du jour au lendemain. Il est capable de s’adapter partout », explique Julien Steinmetz, coordinateur du suivi du canidé à l’OFB Occitanie, qui arpente, en raquettes, une forêt enneigée du plateau de l’Aubrac dans l’Aveyron.
Ce matin d’hiver, tous deux traquent dans la neige de nouvelles empreintes d’un spécimen repéré sur la zone depuis plusieurs années. Onze autres équipes, totalisant une quarantaine de personnes, quadrillent le même jour cette partie de l’Aubrac. Parmi elles, des bénévoles du Réseau loup-lynx, qui compte 4.500 membres en France et assure le suivi du loup revenu de lui-même en France par les Alpes depuis l’Italie en 1992.
Des traces de pattes pourraient permettre de retrouver ensuite des excréments, de l’urine ou des poils, et d’identifier ainsi génétiquement le ou les individus présents.
Un « animal mythique »
Le manteau blanc est couvert de nombreuses empreintes. D’un simple coup d’œil, les deux agents de l’OFB écartent celles de bêtes très différentes du loup : biche, écureuil, lièvre, martre, chat forestier, etc. Ils se penchent plus longuement sur celles d’autres canidés. « Ce sont surtout les chiens qui peuvent nous faire douter », explique Julien Steinmetz.
Ce jour-là, aucune empreinte de loup ne sera détectée, une déception pour certains bénévoles du Réseau, comme Gérard Alric, ancien instituteur de 77 ans et « écolo dans l’âme » qui participait à cette quête de l’« animal mythique ».
Les « pièges-photo », qui photographient automatiquement les animaux, ne donnent rien non plus. Après avoir démonté trois des 15 appareils accrochés par l’OFB à des troncs d’arbres dans l’Aubrac, Jean-Christophe Peers visionne sur son ordinateur des centaines de photos : aucun loup, mais des cerfs, des renards, des putois… toutes sortes de bêtes actives la nuit.
Le loup, chassé en France jusqu’à sa disparition en 1937
Pour l’OFB, cette absence d’empreintes ne signifie pas qu’il n’y ait plus de loup dans ce secteur. Un individu installé peut en effet circuler sur une superficie d’au moins 200 km².
D’une manière générale, le loup – dont une quinzaine d’individus a été recensée en Occitanie sur un millier au total en France – tend à étendre son territoire dans cette région. L’OFB a confirmé sa présence dans plusieurs départements et même des naissances en 2022, une première. « Une des principales caractéristiques biologiques du loup, c’est sa capacité de se disperser pour coloniser de nouveaux territoires, très loin de là où il est né. L’Occitanie est intéressante pour lui parce qu’elle est proche des Alpes et dispose de territoires variés avec beaucoup de gibier », note encore Julien Steinmetz.
L’OFB a constaté des naissances de louveteaux en 2022 dans deux des neuf secteurs « de présence permanente » de la région : le Mont Lozère, dans le département du même nom, et le plateau du Larzac, à cheval entre l’Aveyron, l’Hérault et le Gard. Les sept autres zones, où aucune naissance n’a été enregistrée jusqu’à présent, concernent des départements plus éloignés des Alpes, tels le Tarn ou les Pyrénées-Orientales. Ailleurs, comme dans le Lot et les Hautes-Pyrénées, la présence du carnivore reste à confirmer par de nouvelles observations.
Autrefois présent dans toutes les campagnes françaises, le loup n’occupait plus au 19e siècle que la moitié de son territoire historique. Les hommes l’ont chassé et réduit son habitat par une déforestation massive, jusqu’à sa disparition en 1937.
Actuellement, sa population dans l’Hexagone croît et est en passe de dépasser les 1.000 individus, l’OFB en ayant recensé 921 en juin 2022, contre 783 un an plus tôt, principalement dans les Alpes (est), le Massif central (centre), les Pyrénées (sud-ouest) et les Vosges (nord-est). Mais, comme l’ours, la présence du loup oppose régulièrement ses défenseurs à des éleveurs, qui dénoncent les attaques contre leurs troupeaux de moutons et de chèvres.
Source : Science et Avenir