Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a appelé la République démocratique du Congo, qui envisage de mener des activités de prospection pétrolière dans le parc de Virunga, à «renoncer à tout projet» de modifier les limites du parc, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
«Très préoccupé», WWF invite le gouvernement congolais «à renoncer à tout projet de modification des limites actuelles du parc» autour du lac Édouard «à des fins d’exploitation pétrolière», écrit mercredi dans un communiqué cette ONG internationale de protection de l’environnement.
Vendredi, le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, avait exprimé la volonté de Kinshasa de vouloir trouver un terrain d’entente avec l’Unesco afin d’exploiter le pétrole potentiellement présent dans ce parc.
Cependant, depuis que l’on soupçonne la présence de pétrole dans les limites du parc, l’Unesco a fait savoir à plusieurs reprises que l’exploration et l’exploitation pétrolières étaient «incompatibles» avec le règlement du Comité du patrimoine mondial.
Pour WWF, une modification des limites actuelles du parc «entraînerait irrémédiablement des conséquences désastreuses pour les écosystèmes et les opportunités économiques», notamment touristiques, offertes par cet espace protégé.
Par exemple, selon WWF, «le lac Édouard, qui fait partie intégrante du parc national des Virunga, assure la subsistance de plus de 50.000 personnes qui vivent sur ses rives, et la pêche génère à elle seule près de 30 millions de dollars par an».
«Ne pas exploiter le pétrole» c’est «s’orienter vers (…) une économie verte basée sur une gestion durable des ressources naturelles et la valorisation des opportunités économiques considérables offertes par le parc», estime dans le communiqué Thomas D’Aquin Muiti, président de la Société civile de la province du Nord-Kivu, qui regroupe notamment des associations, ONG et syndicats.
En 2010, la RDC avait attribué à plusieurs sociétés pétrolières, dont le groupe français Total et l’entreprise britannique Soco, des permis d’exploration sur des concessions à cheval sur de larges portions du parc.
A l’issue d’une intense mobilisation internationale et locale, la RDC a suspendu ces permis et Total s’est engagé à ne pas entrer dans le périmètre du parc.
En juin 2014, Soco s’était finalement engagé «à n’entreprendre ou commander aucune activité d’exploration ou de forage à l’intérieur du parc national des Virunga à moins que l’Unesco et l’État congolais ne conviennent que de telles activités ne sont pas incompatibles avec le statut du patrimoine mondial».
Créé en 1925 sous la colonisation belge, le parc des Virunga abrite plusieurs espèces animales menacées et offre une diversité de paysages exceptionnelle.
Depuis 1994, le parc des Virunga figure sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité en péril.
Source AFP / 20 minutes